- ALGÉRIE (GUERRE D’)
- ALGÉRIE (GUERRE D’)ALGÉRIE GUERRE D’ (1954-1962)Dès 1926, sous la direction de Messali Hadj, s’était organisé en Algérie un mouvement nationaliste qui devint très puissant sous le nom de Parti du peuple algérien. En 1945, les émeutes de Sétif et Guelma connurent un impitoyable écrasement. Le P.P.A., interdit, se transforma en Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (M.T.L.D.), mais cela ne fit pas échapper ses militants à une répression continue et systématique pendant neuf ans. En 1954, cette organisation connut une grave crise politique sous l’effet conjugué de son manque de perspectives et de l’indépendance accordée récemment à la Tunisie. Il se divisa en deux courants qui allaient bientôt faire scission: les «messalistes», partisans du recours au terrorisme (le futur M.N.A., Mouvement national algérien), et les «centralistes», tendance majoritaire dans le comité central, partisans d’une voie «tunisienne». Un petit groupe chargé auparavant des tâches illégales, l’Organisation spéciale (O.S.) créa alors à Alger, en dehors des deux tendances principales, le Comité révolutionnaire d’unité et d’action (C.R.U.A.) qui décida de déclencher une insurrection. C’est ce C.R.U.A., avec ses neuf «chefs historiques», parmi lesquels Boudiaf et Ben Bella, qui fut le noyau du Front de libération nationale (F.L.N.), bientôt formé par le ralliement des «centralistes», puis du Parti du Manifeste algérien de Ferhat Abbas. Le P.P.A. messaliste, lui, après de sanglants règlements de compte avec le F.L.N., dégénérera jusqu’à fournir des supplétifs à la France.Boudiaf ayant rejoint Ben Bella au Caire, l’ordre de la première action est donné pour le 1er novembre 1954, à une heure du matin. Des attentats sont commis comme prévu en différents points du territoire. Les victimes seront moins nombreuses qu’en 1945 — dix morts pour les trois départements —; mais il ne s’agit plus d’une émeute incontrôlée, c’est bien plutôt la première journée de la guerre contre la France d’une organisation qui a ses chefs, aura bientôt son armée, puis ses alliés. Cette guerre, que l’on n’appelle encore que «l’affaire» ou «le problème», ne s’achèvera qu’après huit années qui verront tour à tour l’escalade des opérations militaires, l’imbroglio des solutions politiques, la participation effective ou simplement verbale de tous les pays du monde, cependant qu’en France l’armée sera divisée quant aux méthodes de lutte et de politique, et l’opinion troublée jusqu’à une désunion qui, sinon pour les causes, sûrement pour les effets, rappelle la grande scission de l’affaire Dreyfus: la IVe République en mourra.Dès 1955, les élus musulmans reconnaissent «l’idée de nation algérienne», mais le gouvernement se heurte à la fois aux problèmes politiques, militaires et sociaux que l’opinion ressent particulièrement lors de la manifestation contre Guy Mollet, à Alger, en 1956. Quelques mois plus tard, venant à la suite de l’interception de l’avion qui transporte à Tunis des membres éminents du F.L.N., la bataille d’Alger et le démantèlement des réseaux de la rébellion font croire à un règlement rapide du conflit, mais en janvier 1958, la loi-cadre sur l’Algérie est refusée par le F.L.N. parce qu’elle proclame l’Algérie partie intégrante de la France. La guerre qui ne cache plus son nom se poursuit. En France, la IVe République vit ses dernières heures.Chef de la nouvelle République, de Gaulle vient en Algérie, et l’idée d’«Algérie française» est relancée tandis qu’au Caire, sous la présidence de Ferhat Abbas, est constitué le G.P.R.A. (gouvernement provisoire de la République algérienne). Le gouvernement français élabore le plan de Constantine: distribution de terres, création d’emplois, égalisation des salaires avec la métropole, scolarisation accrue, toutes dispositions qui seront bientôt suivies par l’offre de la «paix des braves» que le F.L.N. repousse.Le général de Gaulle est depuis presque un an président de la Ve République quand, en septembre 1959, il reconnaît à l’Algérie le droit à l’autodétermination. Ce nouveau tournant n’est pas accepté par les Français d’Algérie et la «semaine des barricades» marque le début de l’année 1960 en même temps qu’elle donne au conflit un nouvel aspect de guerre civile. Le G.P.R.A., pour sa part, a favorablement accueilli l’offre du général de Gaulle qui retourne en Algérie «prendre le pouls de l’armée»; en juin, des entretiens secrets entre le gouvernement français et le F.L.N. ont lieu à Melun. C’est un échec, dont le premier résultat spectaculaire est le voyage de Ferhat Abbas à Moscou, puis à Pékin. Peu après, de Gaulle annonce le référendum sur l’Algérie, et, malgré des oppositions comme celle du maréchal Juin, le principe de l’autodétermination est approuvé le 8 janvier 1961 par 17 447 669 oui contre 5 817 775 non . Aux pourparlers encore secrets qui reprennent avec le F.L.N. répond le «putsch des généraux» qui échoue. Les discussions entre la France et le G.P.R.A. reprennent, mais une fois encore sans résultats positifs. Malgré le référendum, c’est l’impasse et, alors qu’à Tripoli Ben Khedda succède à Ferhat Abbas, les attentats de l’O.A.S. (Organisation armée secrète) se développent en Algérie et en France.Toutefois, les rencontres secrètes, comme celles qui se déroulent aux Rousses, ne cessent pas et aboutissent aux discussions officielles, que sanctionnent, le 18 mars 1962, les accords d’Évian. Le lendemain, le cessez-le-feu marque la fin du conflit algérien; une fin qui n’est pas acceptée par tous: ni l’arrestation des généraux du putsch ni le référendum qui avalise Évian par 17 508 607 oui contre 1 795 061 non ne ralentissent les actions de l’O.A.S. Elles se prolongeront jusqu’au 17 juin, date d’un accord entre l’O.A.S. et le F.L.N.L’ordonnance du général de Gaulle reconnaissant officiellement l’indépendance de l’Algérie coïncide, le 3 juillet, avec l’arrivée à Alger des membres du G.P.R.A. qui transfère ses pouvoirs au F.L.N. Désormais, l’Algérie décide de son destin.
Encyclopédie Universelle. 2012.